The Last Duel. Critique du last film de Ridley Scott

En 2021 Ridley Scott fait sortir dans les salles, à très peu d’intervalle l’un de l’autre, deux films qui ont beaucoup attiré l’attention du grand public : House of Gucci, ou plutôt “ faisons faire un autre film à Lady Gaga “, et The Last Duel. Entre Lady Gaga qui ne chante pas et un drame médiéval qui promet violence, injustices et sang, je vote pour le “Moyen-Age”.

Comme pour House of Gucci, dans The Last duel, Ridley Scott décide de s’inspirer d’un fait historique. Il s’agit du dernier duel à mort (légal)  ayant eu lieu en France dans le bas Moyen Âge (bizarre rappel autoréférencé à son premier film, Les Duellistes,1977).

Pour son scénario, le réalisateur part d’un essai d’Eric Jager, The Last Duel : A True Story of Crime, Scandal, and Trial by Combatin Medieval France (2004). Nous sommes en France au XIIeme siècle et Jean de Carrouges (un très moche mais convaincant Matt Damon) est au service du jeune roi de France, Charles VI (Alex Lawther). Un tantinet complexé par un certain besoin de reconnaissance et d’honneur, le caractère difficile de Carrouges provoque l’antipathie de son seigneur, le Comte Pierre l’Alençon (un Ben Affleck blond platine). A l’opposé du personnage de Matt Damon, il y a celui interprété par Adam Driver, Jacques Le Gris, écuyer charmant et brillant qui profite de l’amitié du Comte, avec qui il partage les plaisirs d’une vie libertine.

Quand Le Gris rencontre Marguerite de Carrouges (Jodie Comer), la belle femme de Matt Damon, il en reste infatué et, bien loin des codes de l’amour chevaleresque de la chansons de geste, il organise son viol. 

Ce qui d’habitude restait caché par le silence des femmes, cette fois arrive, par volonté des conjoints Carrouges, devant le tribunal. Seulement, selon la loi de l’époque la vérité était établie par Dieu à travers un duel mortel entre les deux parties civiles (Matt Damon et Adam Driver).

Le résultat est un drame assez sombre, raconté à travers trois différents points de vue : le mari, qui cache derrière une prétention de justesse l’envie de se venger de ce rival qui l’a blessé dans son orgueil ; l’agresseur, qui se déclare innocent parce que convaincu que sa victime était consentante ; la victime qui proclame son droit de raconter la vérité, écrire ainsi son nom dans l’Histoire.

Ridley Scott rembobine la cassette trois fois, il parcourt les mêmes événements et, en mettant en scène des différences vraiment subtiles, arrive à montrer la grande distance entre les personnages. Le point de vue le plus intéressant, et vraiment bien rendu, est sans doute celui de Marguerite. Par sa perspective féminine on decouvre la vie privée d’une femme qui n’a jaimais connu (et qui ne sais pas reconnaitre) le plaisir sexuel. 

Ce choix de l’histoire racontée trois fois, qui peut, par certains côtés et pour des raisons évidentes sembler répétitif, est surtout une technique intéressante et d’un réalisme impitoyable, qui prépare très bien le terrain à la scène finale, le duel.

Ce combat très attendu est magistralement tourné. On est loin de l’esthétique virile des combats chevaleresques. C’est un duel lourd, fatiguant, intense, boueux et « charnel ». Et, évidemment, le résultat est imprévisible. 

The Last Duel est un film que vous devez absolument regarder si vous avez envie d’une histoire cruelle et complexe. Le réalisateur se révèle encore une fois un maître du tournage des scènes d’action, il suffit de penser à La Chute du faucon noir et evidement à Gladiator, devenu un jalon fondamental du genre moderne, avec ses combats passionnants et très réalistes. La vraie maestria de Ridley Scott réside dans la réalisation des scènes d’action tout en parvenant à consacrer l’espace nécessaire au développement psychologique des personnages. Tout cela est The Last Duel.

Pour plus de critiques : Fucking Cinéphiles, Le Blog du Cinéma

2 réflexions sur « The Last Duel. Critique du last film de Ridley Scott »

Laisser un commentaire